
Échange exclusif avec Yannick Agnel, double champion olympique de natation (200m nage libre et 4x100m nage libre) aux JO de Londres en 2012, un temps partenaire Nabaiji et aujourd’hui directeur sportif chez MCES, académie E-Sport.
En 2018, le CIO a rencontré des Gamers à Lausanne, Suisse, par rapport au rapprochement e-sport et Jeux Olympiques, quelle est ta position ?
Je pense que c’est une bonne idée que l’un puisse se nourrir de l’autre dans la mesure où, à la fois, l’e-sport peut bénéficier de l’expertise du mouvement olympique, ce qui n’est quand même pas une mince affaire à la base, et à l’inverse le mouvement olympique puisse bénéficier de la jeunesse et de la fougue du mouvement e-sportif. Ce serait très bénéfique pour le CIO dans la mesure où l’âge moyen du téléspectateur des Jeux Olympiques en France, se situe aux alentours de la cinquantaine. C’est pourquoi il faut trouver des moyens de rajeunir cette audience-là. Si ça n’est pas en impliquant directement l’E-sport au sein des Jeux Olympiques, c’est peut-être en créant une compétition annexe avec des Olympiques Games, des E-Olympiques Games et des Paralympiques. Que l’on puisse tout faire à la fois, ça peut être une idée.
On est passé d’une dynamique loisir à une dynamique compétition dans les jeux vidéos ?
En réalité l’e-sport a toujours existé. Depuis l’existence même du jeu vidéo, celui-ci est « e-sport » par essence. Si tu regardes le tout premier jeu vidéo dont tout le monde se rappelle c’est « Pong ». Et « Pong » c’est quoi ? C’est ni plus ni moins que du tennis, donc du sport, avec de l’interaction, de l’affrontement, de la compétition, etc. Même si ça a vraiment explosé ces dernières décennies parce que les éditeurs ont aussi compris que c’était un moyen – et il ne faut pas s’en cacher non plus – de fédérer une certaine clientèle, et une certaine jeunesse, c’est aussi un moyen de faire vivre des émotions et une passion qui finalement est assez inhérente à celle du sport dit traditionnel.
A travers tes yeux d’Olympien, peux-tu me parler de la différence de niveau entre joueur professionnel et amateur dans le e-sport ?
Le grand public est encore parfois béotien en la matière, les gens ne se rendent pas compte de la différence qu’il peut y avoir entre un joueur professionnel et un joueur amateur qui n’aurait passé que quelques heures sur le jeu. Vraiment, et j’insiste, on est sur des considérations de l’ordre du don. Il y a des Gamers qui ont un véritable don pour ça, qui sont plus rapides, plus précis, qui ont des réflexes plus accrus et qui s’entraînent aussi à la manière de sportifs de haut niveau au moins 6 ou 7 heures par jour sur le jeu.

Ta vision est similaire à celle que l’on retrouve dans le sport avec de la préparation physique, mentale et nutritionnelle, et avec éventuellement chez les jeunes un double projet études – esport.
Pour le e-sport du futur, c’est notre volonté chez MCES d’associer le sport et le e-sport. Il y a à ce jour presque 5 millions de joueurs occasionnels en France, dont 3 millions environ qui s’intéresse au côté compétition du jeux vidéo. C’est presque autant voire plus que le nombre de licenciés dans la fédération de football. Donc ces gens-là qu’est-ce que l’on fait ? Est-ce qu’on décide de les encadrer ? De les structurer ? De leur donner une chance et un moyen d’assouvir leur passion le plus longtemps possible ? Est-ce qu’on essaie de leur donner la meilleure structure possible ou est-ce qu’on les laisse à l’abandon ? Chez MCES, nous avons décidé de se bouger, tout simplement.
Juillet 2020
Téhéran
Zahra marche
vers plus d’équitéMunich
Cem, vélo-trotter allemand,
prend la roue de l’aventure
en Amérique