

« J’ai connu beaucoup de filles qui ont abandonné le cyclisme ». Elise sait de quoi elle parle. Dès ses 15 ans, dans le club de ses débuts, l’ESEG Douai près de Lille, elle comprend vite qu’il va falloir être très solide pour s’épanouir. Un constat qui va motiver son engagement actuel : « Dans le groupe, nous étions une vingtaine. J’étais la seule fille…». Elle enchaîne donc les entraînements avec les garçons. Un rythme difficile à suivre. « J’en faisais trop. C’était de la fatigue inutile. Je me sentais moins forte. Nous avons par exemple besoin de plus de récupération que les garçons. Mais cela n’était pas pris en compte. ».
En club, seule la performance compte. Loin, très loin des balades en famille, notamment lors des “semaines fédérales” organisées une fois par an dans une région de France. “Tous les étés, nous y participions avec mes parents et mon frère. Il y avait entre 10 et 15 000 participants. C’était super”. Dans son club, Elise s’accroche, malgré l’isolement qui provoque des blocages psychologiques. Seule dans le groupe, elle ne peut partager ses joies, ses doutes avec des amies. « Les seules amies que j’avais étaient des filles d’autres clubs que je rencontrais en compétition ». Autre exemple de sujet sensible : comment rouler, s’entraîner, en période de menstruation, « sujet tabou ». Difficile en effet de parler d’un sujet aussi personnel à un entraîneur masculin. Toutes ces raisons poussent de nombreuses jeunes filles à arrêter le cyclisme. «J’avais la chance d’avoir un bon niveau. Je n’ai pas été envahie par le découragement au point d’abandonner. Contrairement à beaucoup.».
Après une pause pour se consacrer à ses études, Elise reprend le cyclisme mais dans un autre club. Elle rejoint la Pédale Madeleinoise pour une raison bien précise : « Là, il y avait beaucoup de filles ». Mais pas seulement. Dans ce club, des structures existent pour le cyclisme féminin. Des entraînements adaptés et un entraîneur dédié qui suit les coureuses en compétition. Ce qui est loin d’être le cas partout ailleurs. « C’était capital pour moi ». Son tempérament de compétitrice lui permet d’éviter les dangers, d’esquiver les erreurs, d’évacuer le stress. Elle enchaîne les titres, notamment celui de championne de France sur route en 2013.
Une solide expérience qu’elle perpétue aujourd’hui chez Van Rysel comme ingénieur produit femme et comme commentatrice pour Eurosport pour les compétitions féminines. Mais Elise n’a rien oublié de son passé de championne. « Je voulais transmettre. Expliquer aux filles les pièges à éviter ». Organisés par la fédération française de cyclisme, elle encadre des journées et des stages pour des jeunes filles âgées de 12 à 18 ans « Elles se retrouvent, échangent. Elles se sentent épaulées. Elles sont très heureuses ». Aider, être utile, Elise ne compte pas ses heures pour que ces jeunes filles poursuivent la compétition. “Mieux vaut en faire trop que pas assez”… comme sur un vélo, pour aller chercher la gagne.

Juin 2021
VAN RYSEL
Van Rysel : c’est la signature du vélo route Performance de Decathlon. Née en Janvier 2019, son nom signifie « Qui vient de Lille ». C’est en effet au Btwin Village, à Lille, que nous concevons nos produits et assemblons nos vélos.
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